La programmation 2016-2017


Le conte que vous allez découvrir est une réécriture du film Tel père, tel fils réalisé par Kore-Eda, et qui, par certains aspects s'apparente à un conte moderne.

L'histoire suivante nous plonge dans le passé...

Le sang ou l’amour ? (M. H.)

Il était une fois, dans les confins de la Roumanie, une grande famille, une famille royale. Le roi Claudiu, son épouse Katerina, et leur fils unique Lucius, vivaient dans un somptueux château, d’une grandeur inimaginable, entouré de magnifiques jardins, où Lucius, alors âgé de 17 ans, passait beaucoup de temps - temps qu’il consacrait à la littérature et à la poésie. Son précepteur accordait beaucoup d’importance à la beauté de la nature et des arts. Il enseignait au prince à voir cette beauté.  Mais les leçons que Lucius suivaient avaient aussi pour but de le préparer à devenir roi. Et, à l’instar de sa mère, Lucius était un jeune homme calme et patient. Contrairement à son père, le roi, la défaite ne l’affectait pas. Son caractère était pour son père un problème car, pour lui, un bon roi devait avoir la rage de vaincre, une volonté à toute épreuve, un caractère fort, que Lucius ne possédait pas.

Le prince allait bientôt devenir majeur, et donc monter sur le trône. La nouvelle se répandit vite dans le royaume, mais quelques jours plus tard, le roi recevait une lettre. On pouvait y lire que Lucius n’était pas son fils, et que son véritable enfant vivait dans une ferme dans une modeste famille. La missive était signée. Le roi exigea alors que l’on fasse venir l’auteur de la lettre ainsi que les parents et son prétendu fils légitime au palais. L’auteur de cette étrange missive était une femme. Elle expliqua l’échange qu’elle avait fait 17 ans auparavant. Quelques sorts ancestraux lancés par de vieux druides apportèrent au roi la preuve irréfutable que la femme disait vrai. Elle présenta ses excuses  auprès des deux familles et expliqua les raisons qui l’avaient poussée à agir ainsi. La femme expliqua la cause, sa situation personnelle au moment de l’accouchement des deux femmes. La chance de la reine l’avait rendue jalouse. Mais à présent elle estimait qu’ils devaient être au courant de l’échange accompli. Elle fut donc condamnée au cachot pour quelques mois. Elle évita une peine plus lourde grâce à la clémence de la reine.

Par la suite, après de longues heures de réflexion et d’hésitation, les deux jeunes hommes furent échangés, au grand désarroi de la reine Katarina. Claudiu qui aurait préféré obtenir les deux enfants, pensa qu’à cause des liens du sang, cela restait la meilleure solution. Donc Lucius alla dans la famille d’Antonescu, le véritable prince, et Antonescu dans sa véritable demeure, le château royal. Les mois passèrent. Pendant ces mois, les deux familles n’eurent aucun contact. Le roi Claudiu s’aperçut bien vite qu’Antonescu n’était pas fait pour siéger sur le trône. C’était un jeune homme indiscipliné, rebelle et têtu. Il n’écoutait pas les ordres, et cherchait seulement à s’amuser. La politique et l’ordre ne l’intéressaient pas. Lucius commençait à manquer à la famille royale. Les deux enfants n’étaient pas heureux. Puis, un jour, Antonescu fuit le palais. Il monta dans la charrette d’un marchand et se rendit dans sa famille d’origine. Le roi et la reine partirent le chercher. Malgré les efforts accomplis par Claudiu et son épouse, Antonescu n’était pas comblé.  Il le fit d’ailleurs bien vite comprendre au couple royal, et le roi se rendit compte à quel point Lucius lui manquait. Il avait passé très peu de temps à ses côtés, mais avait toujours  été exigeant auprès de lui. Le roi accepta donc de se rendre derechef dans la modeste ferme et les deux familles retrouvèrent alors l’enfant qu’elles avaient élevé.

C’est ainsi qu’ils étaient le plus heureux. Le roi, la reine, ainsi que Lucius repartirent au château. Lucius devint roi. Un bon roi, malgré les réticences de son père Claudiu, qu’il appelait toujours père même si tous savaient que ce n’était pas réellement son père. Celui-ci, après cette expérience accorda plus d’attention à son fils. Lucius fit venir ses parents naturels ainsi que Antonescu, qu’il appelait « mon frère », au château. Ils vécurent tous heureux et eurent une belle et longue vie, ensemble.