Créations artistiques

(1)« Comme un ange sans rayons, égaré dans sa route », Raphaël décide de jouer sa dernière pièce d’or au Palais-Royal. Anéanti et désespéré, le jeune homme attend la tombée de la nuit pour se jeter dans la Seine.

(2)En attendant l’heure fatidique, il pénètre chez un « marchand de curiosités » où, au milieu des animaux empaillés, des vitraux d’église, des soupières en porcelaine et des momies du Caire, il met la main sur un mystérieux talisman couvert de paroles mystérieuses en sanscrit. Le vieux marchand d’art le met en garde : « vous avez signé le pacte, tout est dit. Maintenant vos volontés seront scrupuleusement satisfaites, mais aux dépens de votre vie. Le cercle de vos jours, figuré par cette Peau, se resserrera suivant la force et le nombre de vos souhaits, depuis le plus léger jusqu’au plus exorbitant [...]. Après tout, vous vouliez mourir ? hé ! bien, votre suicide n’est que retardé. »

(4)Pour atteindre son rêve, cloîtré dans une mansarde, il consacre toute son énergie à l’écriture de sa Théorie de la volonté, et pendant trois années, il ne côtoie que la maîtresse de l’hôtel et sa fille Pauline, une charmante créature, dont il se propose de parachever l’éducation. Raphaël n’est pas indifférent aux beautés de la jeune femme mais il « ne conçoit [...] pas l’amour dans la misère » et lorsqu’il rencontre la très belle et très fortunée Foedora, il en devient éperdument amoureux et met tout en œuvre pour la séduire. Mais la comtesse, une femme mondaine qui exhibe son luxe et son élégance est inaccessible...

(1)J'ai choisi cette photo prise par un ami de mes parents, car je voulais que la personne sur cette dernière représentait vraiment bien Tirésias. J'ai un peu modifié l'image en la convertissant en noir et blanc et en assombrissant ses contours. Tirésias est un homme âgé, rempli de sagesse. Il est aveugle, il connaît toute vérité par son statut de divin prophète. Il ne veut pas faire de tort à Œdipe, mais il est obligé de tout lui avouer. Finalement, il est celui qu'Œdipe accuse alors qu'il n'a fait que lui obéir et lui raconter la vérité.

J'ai assombri les contours pour que son visage ressorte davantage et pour illustrer le fait que Tirésias est aveugle. Avec ce handicap, il ne voit pas le monde réel qui l'environne, mais par ce don, il a une lucidité extrême sur l'être et le devenir des humains. L'homme pris en photo est ancien. Son visage est marqué par les traits de la vieillesse; des rides et crevasses, une barbe blanche un peu hirsute et des paupières tombantes. A mes yeux, ces traits symbolisent la sagesse et l'expérience accumulées au cours de longues années de vie.

(2)Les yeux levés vers nous, la tête un peu penchée, il nous fixe du regard. Tirésias est aveugle mais connaît le cœur d'Œdipe, ses sentiments et son passé. Tirésias ne voit pas ce qui est perçu par des yeux valides, mais capte l'invisible. Il observe, décrypte, analyse la personne qui est en face de lui, sans avoir besoin du sens de la vue. Le fait que le visage de l'homme soit éclairé illustre la capacité du devin à mettre en lumière toutes vérités, sentiments, pensées des hommes même les plus cachées. Cet homme nous déstabilise par sa prestance sans arrogance. Cette image, prise en Équateur est celle d'un Ancien, certainement issu d'un milieu très modeste, qui ne semble pas impressionné par l'objectif de l'appareil du photographe. Derrière les traits d'un homme humble, se dégage en même temps du charisme, de la prestance. Tout comme Tirésias qui ne se laisse pas impressionner par Œdipe, et lui rappelle qu'il est son égal : "Tu as beau régner, je peux te répondre en égal et sur tous les points, j'en ai le droit."

(4)J'ai décidé de prendre comme support une photographie car je trouve que c'est le meilleur moyen pour capturer un regard, une émotion, mais aussi un personnage. En lisant le dialogue entre Œdipe et Tirésias, c'est cet homme qui m'est venu à l'esprit pour représenter Tirésias. Le regard de cet homme nous transperce tout comme le don de Tirésias quand il est en face d’Œdipe.

Olivia A.